Qui suis-je?

Michel de Montaigne, Des idées que l’on se fait sur soi

(De la présomption)

traduit en français moderne et postfacé par Christophe Salaün, Mille et une nuits, novembre 2014



Dans l’avis Au lecteur qui ouvre la première édition (1580) de ses Essais, Montaigne annonce le dessein qu’il forme depuis déjà dix années et qui l’occupera encore jusqu’à la fin de ses jours, douze ans plus tard : « C’est moi que je peins », dit-il. « Je suis moi- même la matière de mon livre», « sujet si frivole et si vain »... Et, dans le texte que nous proposons ici, Des idées que l’on se fait sur soi (De la présomption), Montaigne offre au lecteur un de ces essais où la peinture du moi est des plus complètes et des plus insolites. S’il nous apparaît aujourd’hui si familier, un tel projet avait toutefois de quoi surprendre en son temps. Montaigne n’a jamais ménagé ses efforts pour en justifier l’entreprise. Un gentilhomme n’a- t-il pas mieux à faire en effet que de se retrancher dans son domaine pour confier à son papier, au fil de la plume, ses réflexions sur le monde et les mœurs, sur sa lecture des auteurs antiques, mais aussi sur sa frêle constitution physique, sa mauvaise mémoire, son manque d’assurance et la vanité de ses propres actions publiques et privées? 

 

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